Chroniques


LA CHRONIQUE DE MEDOR

Je vois que Thibault et Maël ne m'ont toujours pas présenté après deux mois et demi 
de voyage... Pourtant je ne sais pas ce que ces deux petits branleurs feraient sans moi, 
mon rôle dans cette aventure est des plus cruciale... Je tenais donc à me présenter à vous 
personnellement. Je m'appelle Médor, et comme vous le voyez sur cette photo (où je venais de 
plumer les deux autres petits kéké au poker), je suis une girafe. Co-équipier de ces deux 
fanfarons qui, à part filmer des concerts et passer du bon temps, ne se posent pas beaucoup 
de questions sur l'environnement qui les entoure et les conditionnent dans des contextes 
qui varient sans cesses selon les pays, les régions que nous sommes amenés à traverser.
Si au départ j'ai embarqué à bord de cette camionnette, c'était pour remplir une fonction 
de girafe de garde... Je suis toujours affecté à cette tache malgré la facheuse mésaventure 
de Barcelone. Pour ma défense les braqueurs étaient quatre et je suis tout de même parvenu 
à en envoyer trois au tapis sans trop de difficultés, c'est le dernier qui a eu raison de 
moi, il m'a ligoté et je n'ai rien pu faire, j'ai assisté à la scène impuissant.

Bref, maintenant en plus de garder Roger, j'apporte un regard extérieur sur le blog, 
je leur offres mes lumières afin qu'ils enrichissent leurs réflexions, leur façon d'aborder 
les choses et le monde. D'autre part, je reste quasiment 24h sur 24 dans le camion 
et j'assiste à toutes les rencontres et autres scènes loufoque qu'il s'y passe. 
Avec mon point de vue vous pourrez connaitre tout un tas de petites histoires que Thibault 
et Maël n'oserai pas vous raconter et ainsi découvrir un tout autre aspect de cette aventure.

A bientôt.

Médor







LA LIBRE ENFANCE ROUGE




Lorsqu'on part pour 6 mois à la recherche de musiques, on a ses petites attentes secrètes, une curiosité et une soif de découverte, l'espoir d'être séduit par des artistes ou des lieux atypiques. Quand on cherche de la musique live plusieurs jours dans une ville sans rien trouver, un léger doute s'installe, on se dit "merde, ça bouge pas ici...". Mais en général c'est qu'on a pas cherché au bon endroit. Car il y a de la musique partout. Plus fascinant encore, les manières de faire de la musique sont infinies et chaque ville réserve ses petites surprises. Il faut tomber dessus c'est tout.

Chacun a sa notion de "musiques alternatives", c'est l'intérêt de cette appélation: ce n'est pas une case, une catégorie ou une étiquette musicale que l'on pourrait coller sur un  rayon de la Fnac. Mais certains groupe s'inscrivent incontestablement dans une démarche alternative. L'Enfance rouge en fait partie. 

Nous avons rencontré le groupe italo-français lors d'un concert à la Bobine, une petite salle associative de Grenoble. Au milieu du repas, deux heures avant le concert, François a quitté la table pour venir nous rencontrer. Le chanteur guitariste de l'Enfance rouge nous a payé deux bières, a allumé son cigare et a raconté l'histoire.

Le groupe est né en 1993. C'est un trio: François R.Cambuzat à la guitare et au chant, Chiara Locardi à la basse et au chant, et Jacopo Andreini à la batterie. Le style de musique? "Un rock atonal et déstructuré" marqué par une recherche permanente dans le son et le rythme, et l'incorporation de très nombreuses influences (principalement orientales et africaines). Le groupe a été classé comme "avant rock" par la presse européenne.
Mais chez l'Enfance rouge la démarche importe autant que la musique. Il est une référence en termes d'indépendance. Ils sont responsables de leur musique de A à Z, de la création a la production en passant par le management et le booking. C'est une philosophie de vie et beaucoup de travail: "le but est de vivre en faisant ce qu'il nous plait, donc en pensant que la vie on en a qu'une, qu'on est bientôt tous morts et qu'il faut faire très vite et très sérieusement". Il faut dire qu'étant jeunes les membres du groupes ont eu des expériences au sein de grandes majors comme la Virgin. Contrats foireux, peu de liberté créative, main mise des maisons de disques sur la direction artistique, la production, la diffusion...Ce genre d'expériences assemblées à plusieurs éléments ont forcé leur volonté
d'indépendance. Une indépendance qui demande une organisation considérable. Le trio se divise le travail géographiquement pour gérer tout l'aspect administratif (recherche de dates, communication, promo, diffusion des albums...). Cela représente six heures de bureautique par jour pour chacun des membres du groupe, ajouté bien sûr à la musique. 
Autre particularité de l'Enfance rouge: le groupe tourne beaucoup (jusqu'à 150 concerts par an) et déménage constamment(Ils ont habités en Allemagne, à Londre, à New York, à Bruxelle, à Barcelone, en Italie, Tunisie, France...). Animés par une envie et une volonté de découvrir de nouveaux horizons et de s'immerger dans différentes cultures, François Chiara et Jacopo changent de pays tout les deux ou trois ans. Ils s'y installent, vont à la rencontre des gens, apprennent la langue, et redémarrent à chaque fois une nouvelle carrière musicale. Changer de pays implique de perdre la notoriété précédemment acquise et de tout recommencer. C'est une condition ultra précaire qui repose essentiellement sur la force du groupe. D'où leur énergie débordante sur scène, une générosité et une conviction inébranlable. La sensation de quelque chose d'entier. 
Bien qu'ils n'en fassent pas leur fond de commerce le groupe est évidemment très politisé. Les messages se glissent subtilement dans les chansons, par sous entendus, images et atmosphères. Le "rôle social de l'artiste" est quelque chose de primordial pour eux. Se cantonner à la routine CDs/tournées, c'est pas leur truc. Ils ont la conception d'un musicien qui fait bouger, avancer la société. Tandis que les politiques culturelles et l'économie de marché tendent à se figer dans des systèmes de plus en plus massifs et inflexibles, l'artiste, lui, doit se rebeller, avancer à contre courant avec comme seul moteur sa force créative. Pour l'Enfance rouge, cela consiste en partie à ne pas caresser le public dans le sens du poil en lui programmant que du festif et de la musique formatée, mais l'inciter à la découverte et à la recherche de sons nouveaux. Ils pointent d'ailleurs du doigt la France qui aseptise sa scène à coup d'évènementiel: "En France le volume de créativité, de recherche et de prise de risques musicales est inférieur. Il faut être évenementiel, ton disque au bout de 6 mois il est déja vieux. Il faut être joli, propre sur soi ou singé des trucs qui éxistent déjà pour être produit". Ils ont également montés des festivals et ouverts des clubs. Plus simple mais tout aussi efficace, ils cultivent une étroite proximité avec le public, les programmateurs de concerts et tous les gens qui les entourent. La simplicité avec laquelle ils nous ont accueilli et leurs coup de pouce pour la suite de notre voyage en témoignent.


Entre le concert et l'interview, on a pris une magnifique claque dans la gueule, et de quoi cogiter encore et toujours sur 
le sujet de notre film...



Maël.




IMAZ'ELIA

C'est laëtita qui est à l'origine du projet musical "IMAZ'ELIA", un groupe basé sur Grenoble qui existe depuis maintenant 3 ans. Nous avons pu rencontrer ce groupe lors d'une de leurs répétitions dans l'apartement de laëtitia, faute de locaux de répétitions disponibles sur grenoble à prix abordable.
Laëtitia écrit, compose et chante depuis qu'elle a commencé la musique toute petite. Avant de commencer ce projet, cette jeune artiste est passée par plusieurs styles musicaux: musiques traditionnelles tsiganes, orientales en passant par le flamenco et le rock...
"IMAZ'ELIA" c'est un quatuor, en effet laëtitia est accompagnée de trois musiciens: Aurélien spécialisé dans les intruments à cordes, Julien qui est accordéoniste, Farid le percussionniste qui joue égalemment d'autres instruments comme la bensouri une sorte de flûte indienne.
Le premier album du groupe est sortie ce 19 mars 2011 sur toute la France. Cet album s'appelle "MYRMIKA FABULETTI" et retranscrit l'univers de "IMAZ'ELIA" à travers "un monde imaginaire utopique où toutes les cultures du monde seraient réconciliées" dixit laëtitia. En écoutant  l'album, on ressent de très nombreuses influences que ce soit par les textes qui sont écrits en français, en serbe ou en arabe mais aussi par la diversité des instruments qui s'imbriquent les uns avec les autres pour former un tout cohérent et pertinent.
Pour ma part, je suis tombé sous le charme de la voix de laëtitia qui tantôt se pose dans une douceur et une sensualité à faire tomber les hommes comme des mouches, et qui tantôt part au quart de tour avec une énergie assez surprenante et donne envie de danser.
Si l'album à un côté très festif notamment avec les chansons "SHAI BALING" et "CESARIA"(disponibles sur leur myspace) on retrouve aussi un côté atmosphérique avec des morceaux plus doux par lesquels on se laisse facilement envouter.

Thibault